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Après avoir suivi - à contrecoeur - la patrouille de l'aube, le jeune mâle était reparti en chasse. Pas qu'il avait reçu un ordre; il voulait juste s'isoler un peu. Et attraper un ou deux lapins au passage lui fournirait une bonne excuse pour avoir disparu sans prévenir. Le tas de gibier était bien bas.

Il laissa ses pattes le porter vers la meilleure piste qu'elles purent trouver. La lande reverdissait autour de lui; des buissons et des fleurs timides rejaillissaient de la terre. En pensant à toutes ces lunes de froideur et de maladie, Fantôme Lunaire réprima un frisson. La saison qui lui avait pris son frère.

Nuage de Lièvre. C'était la seule pensée qui l'habitait alors qu'il avançait sans grand but, les yeux dans le vague, juste assez concentré pour éviter les trous et les arbrisseaux rabougris du venteux territoire de son Clan. Il se prit pourtant plusieurs fois la patte dans une ronce solitaire ou dans un terrier de lapin; quelques fois, l'occupant détalait loin de son terrier, et il tentait de le courser. Mais les lièvres de la lande prévoyaient souvent une sortie - qui s'avérait faire une excellente entrée aussi - de secours, et le guerrier n'avait choix que d'abandonner le produit de sa chasse à son terrier. Lorsque, pour la troisième fois, il abandonna vraiment l'image du corps étendu dans le camp pour la veillée de son frère et bondit derrière le lagomorphe qui bottait pour dissuader son prédateur de prolonger la poursuite. Il passa -tant bien que mal - dans un buisson de  bruyère, prit sa proie par surprise et la cloua au sol sans un bruit. Saisissant le petit animal entre ses crocs, il repartit vers son errance solitaire.

Lorsqu'il aperçut les cimes de la forêt, il poussa un petit cri. La frontière du Tonnerre? Il était allé beaucoup plus loin que ce qu'il prévoyait initialement, à savoir rien du tout en fait. Le mâle gris réfléchit un moment, avant de conclure que sa patrouille -vérifiant la frontière de la Rivière- étant celle de l'aube et celle de midi ne partant pas avant une bonne heure, personne n'avait marqué cette frontière depuis hier. Il décida d'y faire un tour, tout en laissant le marquage à ses camarades.

Une odeur lui fit froncer la truffe. Clan du Tonnerre. Si loin de son territoire? Méfiant, le jeune guerrier huma de nouveau l'air. Une odeur de chat du clan rival, oui. Il n'était pas non plus du genre à avoir des hallucinations, si? Il chercha autour de lui. Le fumet était récent, trop récent à son goût, et même... immédiat. Des chasseurs du Tonnerre feraient-ils des incursions pour voler du gibier à son Clan? Il ne put retenir ses griffes qui se plantèrent dans la terre. Pourtant, rien. Ce chasseur devait être sacrément petit pour paraître aussi inaperçu sur la lande, ou alors vraiment vraiment discret... L'idée qu'un chaton soit à l'origine de l'odeur ne lui traversa - malheureusement - pas l'esprit.

Une silhouette, du côté du Tonnerre, se découpa près du torrent frontière. Un chat roux l'observait, et visiblement l'appelait. Rassuré à l'idée que ce guerrier puisse être l'odeur qu'il avait senti, il s'approcha.

Et ne manqua pas de remarquer deux choses: d'abord, ce chat était le chef du Tonnerre -Etoile du Scorpion - et il n'était pas à l'origine de la trace sentie.

-Bien le bonjour! le héla le chef. Fantôme Lunaire, si je ne m'abuse?

Le guerrier gris hocha la tête, légèrement surpris. Même si il savait que les chefs connaissaient presque tous les guerriers via les Assemblées, rencontrer un chat auquel il n'avait jamais vraiment adressé la parole et connaissant son nom le rendait légèrement mal à l'aise. Boule de poils paranoïaque, se réprima lui-même, légèrement pris au dépourvu par le petit rire du chef. Etoile du Scorpion lui demanda quelques nouvelles de son clan. Il lui répondit prudemment, sans réveler trop d'informations, grappillant au passage quelques informations sur le clan du Tonnerre: la saison des feuilles nouvelles leur était fortement bénéfique et ils se remettaient tous de la saison des neiges.

- Dis-moi, n'aurais-tu pas aperçu un chaton blanc, légèrement tigré, aux yeux océan dans le coin ? lui demanda finalement le meneur.

Fantôme Lunaire, gêné, se gratta l'oreille.

- J'ai senti une vague odeur de clan du Tonnerre...

J'ai pensé à un chasseur ennemi, compléta-t-il pour lui-même.

- ...jusqu'à ce que je vous vois. ajouta le guerrier pour se justifier de ne pas l'avoir suivie.

737 mots ~

Le seul endroit où personne ne me chassera
Mist & Patte Rousse & Libre
Ce soir là, Patte Rousse se sentait tout plein d'énergie. Il ne s'était pas bien dépensé aujourd'hui, et, lui qui avait besoin de se dépenser pour se sentir bien, il se trouvait cloîtré à la pouponnière. Et en plus, il n'avait pas du tout -alors là pas du tout- envi de se coucher, ce que son père lui avait recommandé. Pour se de débarrasser de moi, bien sûr ! En ce moment, Étoile des Sables n'avait pas l'air très bien. Il avait l'air... Malade. Et en plus, il devait bien s'occuper de son fils, étant seul  à s'occuper de lui et de sa sœur, Petite Plume. Les autres n'avaient pas l'air disposés à l'aider, et ils se fichaient bien des petits. Il n'y avait aucune reine dans la pouponnière, lui rendant la tâche encore plus difficile. Enfin, bref, tout ça pour dire qu'Etoile des Sables était malade. Patte Rousse se trouvait donc seul avec sa sœur qui dormait comme une souche, elle qui avait pu se dessiner comme elle voulait. Mais, pourquoi il n'avait pas pu se défouler dehors ? Parce qu'il avait mis une épine sur un litière d'ancien et qu'il avait été puni pour ça. On peut même plus rigoler... Le chaton voulait dépenser son trop plein d'énergie, sinon, il ne pourrai pas dormir. Ah, ça, il pourrai bien râler son papa, il ne dormirai pas si il ne s'amusait pas un peu. Et puis... Et si il allait dehors ? Hors du camp ? Après tout, il avait 5 lunes. Il deviendrai apprenti dans une demie lune et il sortirait comme il voudrait. Mais pourquoi ne pas faire un peu de repérage ? Comme ça, son mentor serai étonné et il deviendrai guerrier plus vite ! Tout excité, il décida de le faire. Et immédiatement.


Il jeta d'abord un coup d'œil à Petite Plume. Celle-ci ronflait et souriait dans son sommeil. Pfff... On peut pas compéter sur elle ! Tant pis, je partirai et je lui raconterai fièrement, elle crèvera de jalousie ! Elle qui a toujours rêvé de ça ! Le mâle roux se dirigea donc à pas de loup vers la sortie de la pouponnière. Après un dernier regard au lieu dans lequel il avait été cloîtré toute la journée, il sortit dans la clairière. Le camp était calme, le ciel était noir et les étoiles brillaient, mais sans lune. Il doit être vraiment tard pour que la lune disparaisse ainsi ! Aucun bruit ne troublait ce silence spectrale, un peu terrifiant pour un chaton. Mais moi, je n'ai pas peur ! pensa t-il en frissonnant. Je suis plus courageux qu'un chef ! Il fixa alors le promontoire, masse sombre au milieu du camp. Étoile des Sables dormait dedans. Courage, papa ! Tu peux surmonter la maladie ! Après une brève vérification, le chaton décida de sortir. Ce qu'il fit. Où allait-il aller ? Il ne savait pas. J'irai où les pattes me guideraient ! Il sourit dans le noir. C'était une pensée digne d'Étoile des Sable...


Patte Rousse marchait doucement dans l'herbe, pour ne pas attirer l'attention des guerriers sur lui. Il regardait autour de lui, les yeux brillants de curiosité. Mais il ne voyait pas grand chose, la forêt étant plongée dans le noir. Il ne voyait que les ombres des arbres, menaçantes et mystérieuses... Il marcha longtemps, si longtemps qu'au bout d'un moment, il ne sentait plus ses pattes. Il décida de s'arrêter sous un buisson. Scrutant au dessus de sa cachette, il aperçut un Grand  Rocher, ainsi que quatre chêne. C'était donc ici... Il observa encore un moment avant de remarquer qu'une autre silhouette, plus massive, observait elle aussi. Celle-ci alla même jusqu'à monter sur le Rocher. Elle paraissait grande, mais quand même pas autant qu'un chef ! Que faisait-elle en haut, alors ? Le mâle roux décida donc d'intervenir. De sa voix la plus grave, qu'il voulait imposant, il dit :
- Qui es-tu pour monter sur l'endroit réservé aux chefs ?
Mais ce qui sortit de sa bouche n'était que sa voix normale... Il sentit une boule lui remonter la gorge. Et si c'était un solitaire... Tueur ?

Les rayons du soleil me chatouillaient le visage tandis que je me réveillais doucement. Mon rêve était étrange. Il m’effrayait presque, ce qui m’arrivait rarement. On dit que rien ne me fait peur. Mais ils ne savant pas … Ils ne savent pas ce que j’ai vécu … Mon cauchemar était tellement réaliste. Je me levais lentement. Une brise fraîche me fit frissonner. La saison des feuilles vertes approchait, pourtant, le froid ne diminuait pas d’un poil. Les proies manquaient au clan. Nos côtes étaient apparentes et les petits miaulaient famine. Le mal vert avait ravagé notre clan. Notre lieutenant actuel ne pouvais plus faire un pas. Notre guérisseur faisait de son mieux pour le soulager mais rien n’y faisait. Etoile du Scorpion devra bientôt choisir un nouveau successeur, et je comptait bien tenter ma chance. Je fis une toilette rapide. La tanière des guerriers était encore remplie. Ils ne savent pas que l’avenir appartient aux chats qui se lèvent tôt ! Je sortis de l’antre et fut éblouis par le soleil perçant. Je réfléchit un instant avant d’apercevoir que le tas de gibier n’était pas beaucoup remplis. Un seul petit moineau maigrichon traînait dans la poussière. Je le pris et l’emmena dans la pouponnière. Les reines et les anciens d’abord ! Me disait mon mentor autrefois. Mais cela fait longtemps ! Bien longtemps. Depuis cela, mon frère Œil du Cobra et mon père, Pelage du Vent ont péris au combat. Quand à ma mère, elle a été tuée par un blaireau alors qu’elle me sauvais des griffes de celui-ci. Je l’ai tellement regretté ! Cette aventure m’a traumatisée à vie. Je me suis servit de ma tristesse pour me battre et les rendre fier. Je déposais la proie devant le nid où dormaient la reine et ses petits puis repartis à l’entrée du camp. Mon rêve me hantait toujours. J’attendis patiemment l’aube. Peu à peu, mes camarades sortirent de leur tanière. Le chef sortit à son tour, quand un cri perçant retentis :

« -Au secours ! Mon petit à disparut ! »

Le chef sursauta.

« - Coucher du Soleil ! Va voir dans la pouponnière s’il y a des traces de renard ou autre ! »

Je ne me fis pas prier. Dans la pouponnière, rien n’avait bougé. Pas une trace de renard ou d’animal semblable. Je revins auprès de mon chef qui essayait tant bien que mal de réconforter la reine.

« -Nous allons dépêcher une patrouille de recherche. Pelage Gris, Aile de Moineau, Ciel sous l’Aurore, vous y allez et c’est Coucher du Soleil qui en prendra la tête.
-Aile de Moineau ! Tu pars en tête, c’est toi la meilleure pisteuse.» dis-je.

La patrouille partait. Je suivait de près ma camarade. Nous avions vite retrouvé la piste du chaton disparut. Elle menait aux rochers au soleil. Et s’il s’était noyé ? Et si il se faisait attaquer par un animal sauvage ? Comme un renard. Ou un blaireau ? Toutes ces questions tournoyaient dans ma tête comme un incessant tourbillon. L’odeur du chaton se faisait de plus en plus forte. Il ne devais pas être loin.

« -Séparons-nous ! Nous aurons plus de chance de le retrouver parmi les fougères. Je vais par ici. »

J’avais désigné les rochers du soleil. Je sentais de plus en plus l’odeur du disparu, mêlée a celle du Clan de la Rivière. J’avançais parmi les rocs, quand soudain, mon sang ne fit qu’un tour. Une odeur étrange planais dans l’air. Une odeur que je n’avais pas senti depuis la mort de ma mère … L’odeur que je redoutais tant. J’entendis les cris du chaton terrifié. Il faut que tu le sauves ! Pense au chagrin que tu as ressenti à la mort de ta mère. Venges-toi sur ce blaireau ! Je courus. J’avais l’impression d’avoir toute la force des guerriers de jadis avec moi. J’arrivais dans le dos de l’animal rayé. Il était grand. Je crois que je n’en avais jamais vu de tel. Il allait blesser le chaton quand je me ruais sur lui.

« -Sauve-toi ! » hurlais-je au chaton.

Mes griffes tailladaient le dos de la bête qui hurlait. Elle se mit debout et me délogea de son dos. Je me retrouvais face à la bête. Ses griffes étaient énormes et ses crocs saillant. Je me sentis paniquer. Son odeur était nauséabonde et me fit froncer la truffe. Il me griffa violemment l’épaule. Le sang gicla et la douleur fut insupportable. Je lui cinglais le museau d’un coup puissant et bien placé. Il hurla et recula. Je répétais cette attaque une bonne dizaine de fois, jusqu'à ce qu’il se sauve. Mes camarades patrouilleurs étaient arrivés et me regardaient avec effroi.

« - Petit Roseau ça va ?
-Oui … me répondit-il terrorisé.
-Rentrons dans ce cas.
-Coucher du Soleil ça va ?
-Oui mieux que jamais. »

Jamais je ne m’étais sentis aussi fort et aussi content. J’avais vengé ma mère, je m’étais battu pour elle.

Œil de Jade était bien. Un monde cotonneux, voilà où il était. Il baignait dans une lumière vive et confortable. C'était un endroit paradisiaque. Mais, ce n'était qu'un rêve.
Cette pensée le ramena brutalement à la vérité. Il se sentit soudain sur un sol dur et brut. Ce n'était pas l'herbe douce de sa litière au Clan du Vent. Essayant de submerger sa panique par le calme, il ouvrit lentement les yeux. Il se trouvait dans une grotte sombre qui sentait le renfermé. La peur monta en lui. Il ne s'était pas endormi ici ! Il ne s'etait tout de même pas déplacé comme un somnambule ? Ce n'était pas son habitude ! Un sentiment d'impuissance monta en lui. Comment était-il arrivé ici ? Tout de même pas en volant, ni en flottant, comme dans son rêve. Non, il était venu par une autre force dont il ignorait l'existence. Reprenant son souffle durant quelques secondes, il sentit une odeur différente de la grotte. Une odeur, ou plutôt, des odeurs bien connus. Le guerrier fronça les sourcils. Le Clan du Tonnerre et le Clan de l'Ombre ! Il sentit alors aux ronflements qu'ils dormaient. Ils n'ont pas changés... Toujours aussi paresseux... Le Clan du Vent est beaucoup plus actif. Observant pendant un petit moment les ventres bouger aux rythmes de la respiration, il décida d'attendre qu'ils se réveillent. Qui sais ? Peut-être savaient-ils des choses qu'il ignorait ! Mais, accepteraient-ils de l'aider ? Les autres Clans avait  toujours du mal à aider le Clan de Vent... Mais s'ils étaient tous dans la même situations, il seraient bien obligés de collaborer, du moins, il l'espérait. Guettant le moindre signe de vie, il décida d'identifier les autres chats. Ses yeux s'habituants lentement à l'obscurité, il aperçut une longue fourrure isabelle, des pattes couleur crèmes et une petite queue touffue. Son sang ne fit qu'un tour. Papillon Moucheté. C'était la chatte la plus redoutée de tous les clans. Charmeuse, bourreaux des cœurs, blessante, ne pensant qu'à sa beauté... La femelle la plus énervante qui je puisse vivre. Et bien sûr, elle devait être avec eux... Tournant la tête vers l'autre, il sentit tout de suite que c'était un mâle. Il aurait été malin au milieu de deux femelles... Soulagé, il continua son examen. Une fourrure grise cendrée. De longues oreilles noires. Un museau pointu. Aucun doute, c'était Museau Gelé.
- Tu cherches quelqu'un ? dit une voix mielleuse derrière son dos, Dans ce cas, je suis là.
Tournant la tête, il aperçut deux beaux points dorés briller dans le noir. Deux points dorés glacials et dépourvus d'émotions. Deux points dorés qui le regardait avec méfiance. Il ne pût s'empêcher de soupirer. Elle n'avait pas changé. Levant les yeux au ciel, il répondit, sa voix répondant en écho :
- Je n'ai besoin de personne, Papillon Moucheté. Je t'ai déjà sur le dos, alors... Il n'avait pas pu l'empêcher. C'était partit tout seul. Curieusement, avec cette chatte, il voulait toujours se quereller. Ce fut une voix sèche et froide qui lui répondit :
- Oh ! Je comprend ! Monsieur à besoin qu'on le laisse tranquille ! Monsieur veut se concentrer pour qu'il puisse sortir d'ici, sans nous.
Œil de Jade s'apprêtait à rétorquer d'une parole aussi méchante quand une voix différente dit :
- Vous avez besoin d'aide ? Que faisons-nous ici ?
La chatte isabelle allait répondre quand le lieutenant du Clan du Vent lui mît brusquement sa queue sur la bouche. Surprise, la chatte ne pût répondre et ne parla pas, irritée.
- Non, nous n'avons pas besoin d'aide. Il jeta un regard lourd de reproche à la femelle du Clan de l'Ombre avant ce continuer, Nous ne savons pas où nous sommes, mais nous souhaitons vraiment le savoir, je suppose que tu n'en sais pas plus que nous.
Gigotant dans tous les sens, la reine réussit à se dégager de l'étreinte de la queue du matou gris avant d'idée dire brusquement :
- Je suis donc coincé dans cette grotte avec pour seule compagnie un lieutenant autoritaire et un guerrier inutile. Que va penser ma mère quand je lui raconterai ça.
Agacé par le comportement de Papillon Moucheté, Œil de Jade rétorqua :
- Si au lieu de râler tu te concentrais sur notre sort, ça irait mieux ! Il fit une pause avant de déclarer d'un ton décisif :
- Je propose que nous sortions de la grotte et que nous explorions les alentours. Peut-être aurons-nous des informations sur le lieu où nous sommes.
Le matou s'exprimait avec autorité. Son rôle de lieutenant lui assurait le respect des autres, à part peut-être des femelles insupportables. Museau Glacé opina avant de se diriger vers la sortie de la grotte. Le chat gris lui emboîta me pas, sans vérifier si Papillon Moucheté le suivait. Arrivé au point où l'on voyait le paysage, il fit un signe de queue sec, signe de ne plus parler et d'avancer en silence. D'un rythme lent, ils avancèrent tous trois doucement. Et ils sortirent.

La première chose qu'Œil de Jade aperçut, ce fut les collines verdoyantes qui s'étendaient jusqu'à très loin. La deuxième, ce fut le soleil, éblouissant et majestueux. Le paysage était beau et d'un calme étonnant. Il ne ressemblait en aucun cas aux territoires des clans. La forêt commençait à manquer aux chats qui regardaient tristement les bosses s'étendront dans la vallée. Voulant remonter le morale à tous, le lieutenant dit avec une gaieté forcée :
- Allez, je vous propose qu'on chasse un peu, histoire de nous revigorer un peu. Puis, se rappelant des patrouilles du matin, il ajouta :
- Museau Glacé, tu iras vers la colline à droite. Papillon Moucheté, tu ira vers le lac en bas. Moi, j'irai derrière. Chacun visitera un peu son côté afin d'apporter le plus de détails possibles pour que l'on puisse enfin comprendre où nous sommes. Des questions ?
- Oui, répondit le matou haut sur patte, où nous retrouvons-nous ?
- Je vous propose un rendez-vous ici lorsque le soleil se couchera. Une autre ?
Ni le chat du Clan du Vent, ni la chatte du Clan de l'Ombre n'ajoutèrent quelque chose. Satisfait, le lieutenant donna un signe de dispersion. Dix secondes plus tard  il ne restait plus que lui. Il allait pouvoir explorer ce paysage à sa guise. Il rencontrerai peut-être quelque chose d'intéressant. A la recherche de proie, ses sens ses développèrent. Il suivit bientôt la piste d'un lapin. Rapide comme le vent, il courut, courut, et vit alors la bête. C'était un gros spécimen, parfait pour eux trois. Tout à coup, plus rien ne comptait pour lui, à part l'animal. D'un bond puissant, il sauta et atterrit sur le rongeur. Il l'abattit d'un coup de croc. Tut heureux de son premier succès, il enterra soigneusement sa proie dans un endroit où il se rappellerait avant de repartir à la chasse.
quelques heures plus tard...
Œil de Jade trainait fièrement deux lapins et un campagnol. C'était le fruit d'une chasse difficile. Il aurait pu en avoir plus mais les proies étaient plutôt rare. Montant lentement la pente de la colline du rendez-vous, un petit reflet de lumière presque invisible, mais tout de même vrai, lui attira l'attention. Lâchant ses proies, il se dirigea vers le bruissant d'où la lumière était sortie. Quel ne fut pas sa surprise lorsqu'il découvrit un couple de chenille qui brillaient ! Décidément, la nature était bizarre... Reprenant ses proies, il gravit la montée et arriva au sommet. Museau Argenté l'attendait déjà. Un halètement surgit soudain et les deux guerriers tournèrent la tête. Papillon Moucheté se tenait là, pantelante, une souris dans la gueule.
- Des... Des Bipèdes ! Il y en a partout autour de la colline ! Ils sont rassemblés dans des sortes de grandes maisons à barreaux et d'autres Bipèdes en costume bleu les surveille ! Je... J'ai fuis en les voyant, je n'ai trouvé que ça. Levant les yeux aux ciels, le mâle gris clair prit une voix calme et répondit :
- Bon. Si il y a des Bipèdes vers le lac, n'y allons que pour boire, et encore... Nous ferons des réserves d'eau. Quant à la nourriture... Retournons à la grotte, je propose que nous y installions notre camp.
Les autres acquiescèrent et le transfert se fit. Au total, il y avait deux lapins, trois campagnols, trois souris et un rat d'eau. Ils auraient de quoi survivre durant longtemps... En arrivant à la grotte, Œil de Jade vit tout de suite qu'il y avait quelque chose d'anormal.
- Attendez ! Vous voyez cette lumière étrange ? Vous... Vous me suivez ? Les chats de clan entrèrent donc, pas très rassurés, dans la grotte où ils allaient établir leur camp. Une lueur bleuté flottait au fond de celle-ci. Les trois guerriers, prenants leur courage à deux mains, décidèrent d'aller voir de plus près. Le lieutenant se tenait devant, à la demande des autres. Après tout, il était le plus haut gradé d'entre eux. Il devait montrer l'exemple.
La lumière se composait de nuages... Bleus. Le chat aux yeux verts jade plongea sa patte dedans. Il l'enleva immédiatement, poussant un cri de douleur.
- Ne mettez pas votre corps dedans ! Ça... Ça brûle !
En effet, le poil touché par cette étrange matière était légèrement roussi. Les guerriers retournèrent donc de l'autre côté de la grotte. Ils cherchèrent un endroit bien à l'abri pour leurs proies. Ne trouvant rien, ils décidèrent de l'installer au milieu. Tant pis. Les prédateurs les trouveraient et les voleraient. Tant pis.
Les deux mâles conversaient sur leurs survie quand un cri les attira. Papillon Moucheté ! Ils s'en foncèrent jusqu'à l'endroit où elle se trouvait. Elle était dans un petit trou creux. Avec un regard, ils conclurent que c'était un signe. Ils pouvaient survivre. Les proies allaient se loger dedans.
Bientôt, la nuit vint. Il fallait que les chats aillent dormir. Mais ils ne trouvaient pas le sommeil. Comment dormir lorsqu'on savait que milles d'anges nous attendaient dehors et qu'ils pouvaient entrer ? Mais finalement, emportés par les étoiles, ils fermèrent leurs yeux et s'endormirent.